Un écho de Roger sur Jean-Guy Fortin, le gentilhomme

Catégorie : Société Écrit par marc

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C’est avec beaucoup de peine que j’ai appris le décès de Jean-Guy Fortin de Mont-Joli. Je n’étais pas vraiment l’un de ses amis mais je le connaissais depuis si longtemps que j’avais l’impression de l’être.

 

Je savais beaucoup de bonnes choses sur lui mais rien en profondeur. Ainsi, j’avais appris au fil des ans qu’il adorait le ski de fond, qu’il aimait la pêche, qu’il avait habité St-Donat et qu’il se mêlait de temps en temps de politique municipale.

 

J’ai participé à la révision du livre autobiographique de Hervé Dickner « Sur la corde raide ».

 

Dans ce livre monsieur Dickner, son employeur, dit ce qu’il pense de Jean-Guy Fortin : « Il est engagé au mois de novembre 1968 comme représentant. La clientèle réclame la présence d’un représentant sur la route afin de faire le lien avec l’entreprise. Il parcourt le territoire de long en large, Il se fait des amis partout et surtout il aime l’entreprise et s’y donne corps et âme. À la fois dévoué à l’entreprise et aux clients, il contribue, par ses grandes qualités, à faire prendre un bel essor à a division des pièces mécaniques et à l’atelier de réparations des moteurs électriques ».

 

Le soir où nous avons procédé à la révision finale, monsieur Dickner m’avait tenu d’autres propos élogieux à l’égard de Jean-Guy Fortin. J’en avais été impressionné. Et heureux.

 

Je vais vous surprendre mais c’est au cours des trois ou quatre dernières années, à la messe de 10h30, le dimanche, en l’église Notre-Dame-de-Lourdes que j’ai eu mes plus « longues conversations » avec ce gentilhomme.

 

Monsieur Fortin « passait la quête » comme on dit couramment. On lui avait attribué les fidèles des rangées une et deux de la section Est. Ce qu’il accomplissait avec un très beau sourire accroché à ses lèvres.

 

Dès qu’il arrivait à « mon » banc que j’occupais souvent seul ou avec mon ami Jacques Morissette, il s’adressait à moi comme à un très vieil ami. « Salut les p’tits jeunes » disait-il d’entrée de jeu. À mon âge, je n’en croyais rien mais j’appréciais ce pieux mensonge et je me sentais mieux le reste de la journée.

 

À mon intention, il a ajouté des dizaines de fois quelques compliments : « Tu sais Roger, j’ai toujours lu tes articles et je continue à écouter ce que tu dis à la télévision communautaire. J’aime beaucoup aussi tes potins ».

 

Le voir là, tout près, se tenir droit comme un piquet, la voix assez forte, j’éprouvais de la difficulté à croire qu’il avait déjà franchi le cap des 90 ans. Il est décédé à 92 ans et 3 mois.

 

Vous étonnerais-je si je vous affirme que nos trop brèves conversations ont été parmi mes meilleurs moments de la messe dominicale de 10h30?

 

À la famille Fortin, mes plus sincères condoléances.

À Jean-Guy, ces quelques mots de Verlaine :

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville,

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur?   

 

Roger Boudreau